Les indiens 1914-1915 ou le sacrifice d'un peuple dans la boue d'Artois - Publié sur notre site en Février 2006


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Extrait du rapport rédigé le 27/11/1914 par le Lieutenant Colonel Swiney du 1/39éme Garhwal :

Le 23 novembre à 15h40, lorsque j’entrais dans le village de La Couture, je reçus un message me donnant l’ordre de rejoindre Gorre, et de me présenter au Général MacBean. Vers 17heures30, je rejoignais Gorre où je recevais l’ordre de stopper jusqu’à ce que le 2éme Leicester nous ait rejoint. Je devais ensuite faire mouvement vers Festubert et me présenter au Général Egerton etc.

Page 127- Extrait du compte rendu du Lieutenant Colonel Gunning du 47éme Sikhs :

A 12heures30 le 20, nous étions en marche vers Gorre et après une courte halte nous fûmes postés en 2ème ligne à environ 1,5 kilomètres de Festubert, avec un bataillon territorial français sur notre droite et le 2/8ème Gurkha (Bareilly brigade) sur notre gauche. Les tranchées où nous étions devaient être améliorées etc.

grimshayCne Grimshay (D.R)
Pages 128-129

…le Capitaine Grimshay du 34ème Poona Horse faisait partie de la première vague de la contre attaque. Grièvement blessé, il a raconté celle-ci dans son livre « Indian Cavalry officer ». Son témoignage mérite que l’on s’y arrête. « Dimanche 20, vers 13 heures nous recevons l’ordre de rejoindre Gorre. A l’arrivée, nous découvrîmes que l’ennemi bombardait la place. Nous nous asseyâmes dans la boue pendant deux heures, attendant que nos rations arrivent. Nous entendons toutes sortes de folles rumeurs et des flots de blessés passent. La cohue était aggravée par notre personnel médical qui évacuait l’hôpital de Gorre, menacé.
L’état des blessés défiait toute description : des petits Gurkhas pataugeant dans la boue gelée, à pieds nus des tommies sans casquette, maculés de sang et de boue de la tête aux pieds, des Sikhs avec leurs cheveux sortis et en bataille, ayant l’air plus sauvage et mystérieux que je ne leur avais jamais vu, les Pathans plus crasseux et débraillés que d’habitude. Tous boitant et titubant comme des hommes ivres, quelques uns aidant un camarade. Dans la plupart des cas, la misère se lisait sur leur figure. Il y avait des brancards avec des blessés gémissants portés par des brancardiers boiteux. Le fracas des obus d’obusiers allemands sur le village et l’incessant bruit de la bataille m’amenait à la tragique réalité de la guerre…..
Je regardais les visages de nos hommes pour voir si je pouvais lire dans leur pensée, mais ils portaient un masque cadavérique, abandonné à l’indifférence. J’arrêtais quelques Gurkhas et leur demandais pourquoi ils marchaient à pieds nus. Ils me répondaient « Sahib, nos pieds nous font horriblement mal, mais dans nos chaussures nous avons encore plus mal. » Nous, officiers britanniques étions groupés ensemble, et bavardions sans cesse en observant les choses. Je pense que les choses étaient pires encore que dans la scène que j’ai décrite.
A 17 heures nous reçûmes l’ordre de rejoindre des tranchées de support à l’extérieur de Gorre. Notre ravitaillement était juste arrivé, mais malheureusement, nos hommes n’eurent le temps que de grignoter quelques biscuits. Les tranchées où nous allions étaient les mêmes que celles occupées dans la soirée du 23 Novembre. Elles étaient remplies d’eau glacée. Je ne voulais pas y faire descendre mes hommes. En fouillant dans les environs, je trouvais de la paille et la mettais derrière les tranchées pour y faire asseoir les hommes. Je pensais que seul un déluge d’obus pouvait nous les faire occuper. Les gelures étaient plus mortelles que les balles. Il me paraissait préférable de perdre quelques hommes par balle et de les garder au chaud plutôt que d’éviter les balles et d’avoir une unité momifiée. Cependant, l’ennemi diminuait son feu. Seuls quelques obus passaient au dessus de nous et éclataient 500 mètres derrière nous…

Vers 21 heures, nous partîmes jusqu’aux tranchées de support à 1.5 Kms de Gorre près de Festubert. Ces tranchées étaient pires que celles que nous venions de quitter, elles débordaient d’eau et étaient dangereuses. Je ne pouvais y envoyer mes hommes d’autant qu’il existait une rangée de maisons, 20 mètres en arrière. En les occupant, ils auraient largement le temps de rejoindre les tranchées, au cas où l’ennemi arriverait. Cependant je recevais l’ordre d’occuper ce canal miniature et je le faisais. En cherchant dans les maisons à proximité, je réussissais à trouver beaucoup de boites et en les mettant droites dans la tranchée je faisais une sorte de pont flottant et gardais ainsi les pieds des hommes hors de l’eau. Les balles arrivaient en sifflant des tranchées ennemies. Sahib Khan du Squadron C et un autre type était touché, le premier mortellement (son nom figure sur le mémorial de Neuve-Chapelle…..) le 8ème Gurkha sur ma gauche immédiate avait deux hommes noyés dans leur tranchée. Je perdais presque un homme noyé dans les mêmes conditions. En essayant de se déplacer en dehors de la tranchée, il marchait à côté du chemin de fascines et disparaissait dans un trou. Je l’attrapais par la main et le tirais avec grande difficulté. Je l’emmenais presque inconscient vers une maison en ruines à quelques mètres de là, le déshabillais et le massais. Il était très choqué. Comme une ambulance passait avec Sahib Khan, je le chargeais et l’envoyais par l’arrière.
Vers minuit, nous reçûmes l’ordre de gagner Festubert. Nos hommes avaient si froid qu’ils pouvaient difficilement se mettre en route. Le mouvement se faisait si doucement que cela ne les réchauffait pas. Les routes étaient maintenant criblées d’impacts. Quelques hommes tombaient. Nous passâmes à côté de ce qui semblait être la Ambala brigade.
Nous arrivâmes à Festubert vers 1 heure et nous mîmes à couvert derrière les maisons en ruine jusqu’à ce que des ordres précis soient donnés. Il était certain que nous devions être lancés dans une de ces contre-attaques mortelles et autant que je pus m’en apercevoir, celle-ci promettait d’être un fiasco comme d’habitude. Il est certain que ceux qui en avaient la responsabilité ignoraient la composition des unités, leur coordination et ne possédaient aucune information sur l’adversaire.
A 4 heures trente, nous étions alignés pour l’attaque. Nous devions avancer silencieusement vers les tranchées et de là les rejoindre avec la baïonnette…. Le détachement devait être en seconde ligne sur le flan gauche.
J’avais juste formé mon squadron sur la route, prêt à rejoindre notre place, qu’un officier
Etc.
….je sentais un choc épouvantable au côté droit et tombais.

Le Capitaine Grimshay était ramené à Gorre par l’un de ses cavaliers lors du repli de l’unité. Dans la matinée du 21, il était transféré à l’hôpital militaire britannique de Béthune, puis évacué vers la Grande Bretagne quelques jours plus tard.

 

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….Le 2ème bataillon du Welsh Régiment fut placé en support, les deux derniers bataillons de la brigade, le 4ème Royal Welch Fusiliers et le 2ème Royal Munster Fusiliers, restaient en réserve à Gorre….

Des villages situés à quelques kilomètres des tranchées, tels que Gorre, Locon, La Couture, Vielle Chapelle Lestrem …étaient choisis pour les unités placées en réserve, dans l’attente d’être appelées en renfort en cas de nécessité.
Les bruits des canonnades étaient audibles et parfois des obus tombaient. Ce fut malheureusement le cas le 8 février 1915 où un obus de gros calibre tomba sur un cantonnement occupé par la 8ème Moutain Battery Indienne. Il causa la mort d’une trentaine d’artilleurs et en blessa plusieurs dizaines.


Cérémonial de la fabrication des crêpes de sarrasin :

La pâte d’abord malaxée dans un récipient en laiton était divisée en pâtons que chacun, assis sur les talons, triturait entre les paumes, puis d’un mouvement de mains balancé, aplatissait en forme de crêpe mise ensuite à cuire sur un foyer formé d’une large plaque de tôle en équilibre sur des moellons, au – dessus de charbons rougeoyants, ou dans un four improvisé.

ceremonial(D.R)
 1ére guerre mondiale

bordure basse

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